2ème partie : Naissance d’une population

La colonisation représente à elle seule une large part des sources disponibles aux ANOM principalement. Elle concerne aussi essentiellement le XIXe siècle, et les multiples entreprises de mise en valeur des terres, plus ou moins couronnées de succès.

Dès les premières années qui suivent le début de la conquête de l’Algérie, on assiste à une floraison importante de projets de colonisation (chapitre 5), présentés par des particuliers ou des « officiels ». Une étude d’ensemble de ces projets de colonisation, permettrait sans doute de comprendre les enjeux de la possession de l’Algérie, entre engouement pour cette nouvelle terre de peuplement et modèle de civilisation « vertueux » à imposer, sans négliger pour autant les avantages économiques qui pourraient en découler.

Les sources sur la colonisation elle-même autorisent à étudier en profondeur la diversité des formes de migrations et à les replacer dans les différents contextes sociaux, économiques, politiques, qui les entourent et les déterminent pour une large part : réseaux de migrants, pratiques et réseaux familiaux, conjonctures économiques et sociales, conjonctures politiques, choix individuels ou collectifs. Des cartons classant les immigrants selon leur nationalité, des sources plus nombreuses sur les convois et les colons français, permettent, souvent par village de colonisation, de définir le profil de ces migrants vers l’Algérie.

Certaines séries d’archives très longues (M des préfectures ou L du Gouvernement général de l’Algérie) consacrées à la colonisation offrent ainsi la possibilité de saisir des informations précises pour les Européens, qu’il s’agisse de l’état-civil, des parcours antérieurs à l’arrivée en Algérie, de la composition des familles, des ressources du demandeur, des titres de propriétés, etc. Des dossiers qui décrivent le circuit de la candidature, dans le contexte d’exigences rigoureuses exigées par la politique de peuplement de la IIIe République.

Les dossiers par centre de colonisation (chapitre 6) qu’il s’agisse des communes de plein exercice ou des communes mixtes (chapitre 7), permettent de saisir l’inscription des migrants européens dans leur environnement social, une fois qu’ils ont obtenu une terre à exploiter.. Ces fonds sont aussi riches d’enseignements quant à la constitution de la propriété foncière au sein de ce territoire et au processus de création des centres eux-mêmes à la fin du XIXe siècle Il y est ainsi possible de reconstituer l’histoire du peuplement par la colonisation.

Enfin, la religion a accompagné le cloisonnement des populations vivant sur le sol algérien, la religion catholique constituant un point commun à la plupart des migrants originaires d’Europe. Les sources cultuelles (chapitre 8) devraient permettre d’évaluer l’organisation des cultes sur le territoire algérie et l’intensité des pratiques religieuses parmi les Européens. Quel est ainsi le rôle de la religion dans la construction des identités ? On notera tout spécialement la richesse des archives privées des Églises protestantes d’Algérie (208 / APOM) qui nous offrent des indications extrêmement riches sur les pratiques religieuses mais également sur l’organisation des communautés et les liens entre paroissiens. Nombreuses sont ainsi les perspectives d’enquêtes d’histoire sociale à partir du fonds de l’Eglise réformée en Algérie.

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